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Plan de lutte contre les algues vertes Des agriculteurs bretons ménagés

Le ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire a présenté vendredi à Rennes les détails d'un plan gouvernemental de lutte contre les algues vertes qui ménage les agriculteurs bretons, socle de l'économie régionale, en évitant des mesures contraignantes.

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Après avoir rencontré élus, agriculteurs, et associations environnementales à la préfecture régionale, M. Le Maire et Mme Jouanno, la secrétaire d'Etat à l'Ecologie, ont martelé que le plan marquait un « tournant » vers un « changement des pratiques » agricoles, principales accusées dans la prolifération des algues vertes. Mais, a reconnu le ministre, pressé de questions sur des délais précis et la méthode retenue du « volontariat »: « on ne peut pas revenir sur 15-20 années d'agriculture d'un claquement de doigt! ». « Les agriculteurs, on est bien content de les trouver pour augmenter le PIB de la région Bretagne! », a dit M. Le Maire. « Nous tirerons le bilan dans quelques mois, s'il cela ne donne pas de résultats, on passera à un dispositif obligatoire et contraignant », a-t-il assuré.

Le plan est issu des travaux de la mission interministérielle lancée après l'émoi suscité cet été par le décès d'un cheval intoxiqué par des algues vertes sur une plage des Côtes d'Armor. D'un total de 134 millions sur 5 ans, il prévoit surtout un gros effort de collecte et traitement des algues échouées sur les plages. Il fixe dans sa partie « prévention » l'objectif d'un taux de nitrates compris entre 10 et 25 mg par litre dans les eaux bretonnes. Une réduction d'autant plus cruciale que la France est sous la menace d'une amende pour la pollution aux nitrates, amende que la commission européenne a suspendue en septembre 2007.

Dans les huit baies concernées, le plan énonce un objectif de réduction des flux de nitrates de 30 à 40 % d'ici 2015, avec un effort de maîtrise des épandages. Sur le cheval de bataille des associations environnementales, la lutte contre l'intensification de l'élevage dans la zone, le plan se contente de prévoir une circulaire aux préfets, leur demandant de veiller « au principe de non dégradation de la pression organique à l'hectare dans le cadre des demandes d'autorisation des dossiers d'installations classées dans l'ensemble des baies à algues vertes ».

Environ 4.000 agriculteurs sont concernés sur la zone et deux baies pilotes ont été désignées, celles de Saint Brieuc et de Lannion (Côtes d'Armor), soit près de 2.000 exploitations dans un premier temps. Mécontent, le président du collectif « Urgences Marées Vertes », Denis Baulier, est sorti bruyamment de la réunion pour dénoncer un plan qui ne fait pas « payer la facture" aux agriculteurs.

« Tout ce qui est préventif est remis à plus tard, y compris le respect des directives européennes (...) et le respect de la mise en demeure que la France vient de recevoir de la commission européenne pour non-respect de la directive nitrates de 1991 », a regretté Jean-François Piquot, porte-parole d'Eaux et Rivières de Bretagne. A l'inverse, Laurent Kerlir, président de la Frsea Bretagne, estime que les agriculteurs ont « été entendus pour partie » et s'est félicité du choix de l'expérimentation par le gouvernement. Devant la presse, Chantal Jouanno a reconnu qu'il faudra « au minimum 10 à 15 ans » pour régler complètement le principe de la prolifération des algues vertes.

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